Si le métier de psychologue est plutôt bien connu du grand public, celui de psychologue du travail ne l’est pas forcément. Nous vous proposons donc un zoom sur ce métier spécifique aux services de santé au travail à travers une courte interview de Jean-Philippe MATZ, psychologue du travail à l’AIST 84.
Jean-Philippe, si vous deviez expliquer votre rôle en quelques mots, que diriez-nous ?
Je dirais que je suis là pour accompagner les acteurs de l’entreprise dans les moments difficiles (voire pour les anticiper) pour les aider à travailler dans les meilleures conditions car l’entreprise ne peut aller bien que si salariés et chef d’entreprise vont bien. Comme tout le monde, une entreprise est rythmée par des hauts et des bas. Elle connait des cycles positifs et négatifs liées à des facteurs endogènes (ex : réorganisation, arrivées / départs de collaborateurs…) et exogènes (évolution de la demande, évolution des process, réforme…) et a parfois besoin d’un regard extérieur pour prendre de la hauteur et retrouver un nouveau souffle. Mon rôle est d’échanger sereinement avec les différents acteurs pour essayer d’identifier la source des difficultés et les aider à trouver des solutions. Je ne suis pas là pour juger mais pour prendre en compte le point de vue de chacun et faire que les conditions de travail préservent la santé des salariés sans occulter les besoins liés à la productivité.
Face à la crise Covid-19, vous avez un rôle particulier à jouer. Comment accompagnez-vous les entreprises ?
Nous sommes tous impactés par la crise et il est essentiel que personne ne soit laissé de côté, et ce quels que soient sa profession et son statut au sein de l’entreprise. Salariés, managers, chefs d’entreprise, tout le monde est touché et peut se retrouver en difficultés. Mon rôle est donc de n’oublier personne. Je rencontre ainsi les salariés qui en font la demande auprès de leur médecin du travail et les dirigeants peuvent me contacter directement via la cellule d’écoute psychologique (j.matz@aist84.fr ou 06 49 99 06 05) et les séances de soutien psychologique qui leur sont dédiées.
Attention cependant, le rôle d’un psychologue du travail n’est pas le suivi thérapeutique. Il peut en faire ponctuellement à la demande du médecin du travail ou en période de crise exceptionnelle mais son rôle est plutôt de réaliser des actions collectives dans les entreprises.
Lorsque vous accompagnez un salarié, son employeur est-il informé du contenu de l’entretien ?
En aucun cas. Seul le médecin du travail peut être informé du contenu de l’entretien et ce uniquement avec l’accord du salarié au préalable. Comme tout psychologue je suis soumis au code de déontologie des psychologues et tenu au secret professionnel.
Si un chef d’entreprise a le sentiment que l’un de ses salariés est en souffrance, peut-il lui prendre un rendez-vous avec vous ?
Il peut en parler au médecin du travail qui suit son salarié et le médecin décidera de la démarche à suivre. Attention cependant à ne pas confondre le rôle du psychologue du travail qui agit sur la sphère professionnelle avec celui du psychologue clinicien qui traite la sphère personnelle. Mon rôle est d’analyser l’activité ; ce qui se joue entre le salarié et son activité professionnelle, sa relation avec son manager et ses relations avec ses collègues. Même si les sphères personnelles et professionnelles sont co-dépendantes, les chefs d’entreprise ne doivent pas chercher à traiter d’éventuelles fragilités personnelles chez leurs salariés en écartant ou minimisant des dysfonctionnements organisationnels pouvant être à la base de souffrance au travail.
Lorsqu’un salarié va mal, il est rare qu’il soit le seul c’est pourquoi le rôle du psychologue du travail est de prendre de la hauteur pour remonter à la source du problème et anticiper de potentielles situations de risques psychosociaux.
Concrètement, quelles difficultés peuvent entrainer une intervention de votre part ? Comment accompagnez-vous une entreprise en difficultés ?
Les difficultés sont malheureusement nombreuses : réorganisation, réforme / règlementation, conflits entre collègues, avec la hiérarchie ou avec des personnes extérieures, évènement grave type agression, attentat, accident du travail, suicide ou tentative de suicide, décès, crise sanitaire…
Chaque cas est différent c’est pourquoi il est nécessaire de réaliser une analyse de la demande précisant les attentes du médecin du travail et des acteurs de l’entreprise (employeurs, CSE, CSSCT…) afin de proposer une méthodologie d’accompagnement « sur mesure » qui se fera formalisée dans un protocole d’intervention validé par l’employeur.
Vous animez également de nombreuses sensibilisations. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, j’anime des sensibilisations au sein des entreprises demandeuses mais également des sensibilisations interentreprises sur des thématiques variées : risques psychosociaux, burnout, violences au travail, gestion des évènements graves, risques liés à l’usage des outils numériques, risques psychosociaux et troubles musculosquelettiques…
Je vous donne d’ailleurs rendez-vous le 28 janvier pour une rencontre dédiée aux chefs d’entreprise pour les aider à garder le cap et le moral face à la crise et éviter le burnout et pour des séances de soutien psychologique individuelles le 25 janvier.
Pour vous inscrire, cliquez ici !